La France est traversée par un courant rénovateur, jamais les médias n’ont si souvent évoqué le droit de référendum et d’initiative suisses, proposés au débat par les Gilets jaunes. Cette rénovation démocratique a-t-elle quelque chance de triompher ?
Nous aimerions le souhaiter. Mais les conditions ne sont pas remplies en France pour que s’imposent des droits populaires qui ne correspondent guère à l’histoire politique du peuple français, ni à sa culture.
Quelles furent les circonstances pour qu’advinrent, en 1874 et en 1891, les droits suisses de référendum citoyen et d’initiative populaire ? On sortait des Guerres de religion et les deux camps, Cantons protestants et catholiques, n’avaient plus qu’un souci : la paix. Référendum et Initiative sont des instruments de médiation réconciliant les antagonismes. La volonté de paix primait, elle prime aujourd’hui encore. Le souci de conciliation domine la culture politique suisse à ses trois étages, national, cantonal et communal. La culture suisse, depuis 1848, est une culture de conciliation et non d’affrontement.
Tout autre est l’histoire française, construite sur une culture et une histoire de confrontation. Une idée nouvelle se règle dans l’affrontement, soit-il de la rue. L’histoire suisse s’est construite par le Bas, l’histoire française s’est construite par le Haut. Voilà pourquoi nous croyons peu à l’avènement, « à la Suisse », de droits populaires de référendum et d’initiative en France. Et malgré sa politique ambitieuse qui le mènera à gagner les Européennes le 26 mai 2019, ainsi que la Présidentielle française en 2021, Macron ne teintera pas son projet de droits de référendum citoyen, ni d’initiative populaire. Le Grand Débat qui se termine actuellement en France est et restera probablement consultatif.
Jacques-André TSCHOUMY
Ancien Président du Forum Transfrontalier Arc Jurassien
Neuchâtel, le 17 mars 2019