Le patrimoine UNESCO neuchâtelois : élément de la cohésion cantonale
Samedi 24 novembre 2018
Préoccupées par l’avenir des Montagnes neuchâteloises, une poignée de Montagnons se sont engagés à promouvoir l’essor de la région au plan culturel, économique, environnemental et social, dans la perspective d’un équilibre cantonal. C’est ainsi qu’est né en 1999 un mouvement citoyen qui propose chaque année un thème mettant en exergue les « possibles » complémentaires et fédérateurs entre les deux régions du Haut et du Bas du canton, plutôt que leurs différences. Après 20 ans d’existence, le mouvement a souhaité faire le bilan des résultats de ses activités à l’aune de ses ambitions de départ. Il a constaté que ce bilan était plutôt maigre. Les conditions socio-économiques se sont dégradées et ont accentué les clivages. La cohésion cantonale s’en est trouvée affaiblie. Le blocage du levier politique et une certaine indifférence de l’opinion publique ont alors incité ID régionS à ouvrir une porte pour tenter d’alimenter la cohésion cantonale : celle de la culture et du patrimoine culturel. Il est apparu au mouvement que les deux sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, site palafittique en Bas, urbanisme horloger en Haut, pouvaient être cette porte. Si le lien entre les deux sites ne s’impose pas, ils mettent néanmoins en évidence la diversité du patrimoine culturel du canton. En couplant leur poids, on emprunte un chemin que l’on veut favorable à la cohésion et à l’attractivité économique du canton.
C’est dans cette perspective qu’ID régionS a organisé sa 20ème Rencontre citoyenne. Une soixantaine de personnes ont suivi la session au musée du Laténium à Hauterive. Une session déclinée en trois temps : une approche scientifique d’abord, la présentation du prototype d’une capitale culturelle suisse ensuite, et enfin une table ronde.
Les idées-forces des apports scientifiques
- Un patrimoine n’existe pas ; il convient de parler de patrimonalisation, c’est-à-dire d’un processus par lequel un espace, un bien ou une pratique, conduit à construire un collectif : « je procède ce qui me précède ».
L’Unesco promeut la diversité culturelle et non pas l’unification ; la démarche ne vise pas à protéger mais à produire une plus-value en matière de reconnaissance. (Bernard Debarbieux, géographe, professeur à l’Université de Genève)
- Dans la légitimation du site palaffitique et de l’urbanisme horloger, il y a une idée de protection. Mais elle permet aussi de renforcer le lien entre nature et population. En ce sens, elle est une invitation à la curiosité, à une meilleure compréhension mutuelle, au vivre ensemble. (Benoit Dubosson, responsable « expertises » en charge du patrimoine mondial, Office fédéral de la culture)
La présentation du prototype d’une capitale culturelle suisse
- Sur le modèle du programme des Capitales européennes de la culture, une association s’est constituée dans le but de créer tous les 4 à 5 ans un événement majeur, « éphémère et durable », dans une ville élue Capitale culturelle suisse. Selon une étude de la Haute Ecole de Gestion Arc, un tel projet pourrait contribuer de manière significative au développement des territoires, à la santé économique, à la cohésion sociale et à la promotion de la culture. A cet égard, la ville de La Chaux-de-Fonds serait parfaitement éligible. (Daniel Rossellat, président de l’Association capitale culturelle, syndic de Nyon)
La table ronde
Elle a mis en évidence la pertinence du projet qui vise à décloisonner et à mieux mettre en scène les deux labels Unesco du canton. Même si le lien entre un site palaffitique et l’urbanisme horloger ne s’impose pas, il existe néanmoins un point commun entre les deux dans la mesure où il existe bien un rapport semblable entre habitat et conditions environnementales. Par ailleurs, un tel projet pourrait s’inscrire dans la philosophie de la Ville intelligente.
En conclusion, et pour donner une suite concrète à cette 20ème Rencontre, ID régionS lance une motion populaire demandant au législatif du canton d’enjoindre le Conseil d’Etat à lui adresser un rapport indiquant comment il entend favoriser un projet culturel axé sur le patrimoine UNESCO neuchâtelois pour réunir sous cette bannière l’ensemble du canton et à contribuer à la cohésion et à l’attractivité économique du canton.
Jean-Jacques Delémont