Le 27 mars dernier avait lieu la 21ème rencontre des Journées ADU’rables organisée par l’Agence de développement et d’urbanisme du Pays de Montbéliard autour du thème « Coopération franco-suisse : quels bénéfices pour l’aménagement et le développement local ? »
Ce territoire très peuplé et frontalier du Canton du Jura, s’est constitué en pôle métropolitain depuis le 1er septembre 2016. Au cœur de grandes infrastructures de transport dont la mise en service complète est désormais imminente, qu’il s’agisse de l’autoroute Transjurane ou des interconnexions ferroviaires de la gare TGV de Belfort-Montbéliard et de l’EuroAirport de Bâle-Mulhouse-Fribourg, la zone d’emploi compte aujourd’hui 5 000 frontaliers. Inversement de nombreux consommateurs suisses fréquentent les commerces et services locaux alors que les agriculteurs suisses exploitent des terres agricoles côté français.
Fort de ce constat, la soirée visait à s’interroger sur la manière de concrétiser des coopérations dans un bassin de vie où la mono-industrie a souvent éclipsé les relations franco-suisses. D’ailleurs comme l’a souligné Stéphane Berdat, responsable de la coopération dans le Canton du Jura, c’est finalement ce dernier qui a poussé vers la coopération, compte tenu de sa situation excentrée au sein de la Confédération helvétique. Et si on s’interroge sur les axes prioritaires de la coopération, on retrouvera sans surprise les axes incontournables soutenus par la Conférence Transjurassienne (mobilité, développement économique, gestion de l’espace), qui doivent être renforcés dans cette partie de l’Arc jurassien transfrontalier, comme l’ont rappelé Thierry Brunet et Lucie Leclercq.
Finalement, ce sont des effets-frontière dont on parle autour de ces thématiques d’accès à l’emploi vers la Suisse, d’accès aux services vers la France avec comme liant, la mobilité. Ces effets sont classiques, à mettre en lien avec des différentiels connus et ne doivent pas être négligés. Pour autant, la discussion a porté sur une dimension qui constitue le socle d’un développement transfrontalier partagé, celui du vivre ensemble. En effet, si on ne travaille que les dimensions précitées, il est illusoire d’imaginer évoluer vers un développement transfrontalier équilibré, vertueux et respectueux des uns et des autres…
Il faut élargir le regard et impliquer plus globalement la société civile. Il n’existe pas d’identité transfrontalière dans l’Arc jurassien, alors que nous partageons strictement les mêmes problématiques de vie et de développement de part et d’autre de la frontière dans l’Arc jurassien. Demeurer sur des relations de « prédation » est un échec assuré à court/moyen terme et l’assurance de voir monter les extrêmes…
Nous avons à ce titre rappelé que le Forum Transfrontalier s’était donné pour objectif depuis 10 ans maintenant, de comprendre comment susciter une identité transfrontalière partagée, comment impliquer la société civile, au travers d’un Cycle consacré à la culture et à l’identité transfrontalière (Cycle 5 – 2010-2011), puis d’un Cycle interrogeant la communication transfrontalière (Cycle 6 – 2012-2013), en plaçant le Doubs Miroir comme un totem transfrontalier (Cycle 7 – 2014-2015) et enfin en recensant et en analysant les petites coopérations transfrontalières (Cycle 8 – 2015-2016).
Nous avons finalement relevé quatre défis majeurs pour cette partie du territoire de l’Arc jurassien :
- Une mobilité transfrontalière assumée et réfléchie ;
- Une communication décloisonnée qui reconnaisse le voisin de manière décomplexée ;
- Un soutien aux initiatives de petites coopérations transfrontalières qui lient les gens ;
- Une plateforme culturelle transfrontalière à inventer…
Pour faire de l’Arc jurassien franco-suisse une entité reconnue dans ses spécificités et complémentaire des développements des territoires respectifs.
Alexandre Moine, Président du Forum Transfrontalier Arc jurassien
Besançon, le 6 avril 2017
Interviews d’Alexandre Moine et de Stéphane Berdat réalisées par l’ADU