Les réseaux de transports dans l’Arc jurassien continuent de poser question. Il y a dix ans, la CTJ accompagnait une intéressante réflexion sur la mise en place d’un schéma des mobilités transfrontalières.
Depuis, si le co-voiturage a connu un certain succès, force est de constater qu’au-delà de quelques améliorations passées (réouverture de la ligne Delle-Belfort) qui peinent à convaincre (la ligne vient de se voir supprimer son statut d’utilité publique), présentes (rénovation de la Ligne des Horlogers pour 55 millions d’euros) ou à venir (contournement du Locle et de La Chaux-de-Fonds par la H20 à l’horizon de 2030), la situation a globalement peu évolué, voir régressé. Les files de frontaliers demeurent aux passages frontaliers entre Jougne et Vallorbe ou entre Les Rousses, Bois d’Amont ou Saint-Cergue, tandis que l’accès de Neuchâtel à Paris par le TGV Lyria était supprimé et celui de Lausanne altéré.
Alors qu’aux deux extrémités de l’Arc jurassien, les agglomérations de Genève et de Bâle renforcent leurs réseaux transfrontaliers, l’archipel jurassien peine ne serait-ce qu’à améliorer ses infrastructures et leurs fréquences. Pourtant les constats sont sans appel, et si les attentions politiques paraissent là, l’inertie est telle que derrière une inauguration en grande pompe de la ligne Delle-Belfort, les habitudes ne permettent pas la montée en puissance attendue. Sommes-nous condamnés à regarder passer des trains vides, lorsqu’ils existent ; ou à attendre vainement le cadencement d’autres lorsque les travaux de rénovation seront terminés? Une récente étude de l’OSTAJ (www.arcjurassien.org/ostaj/publications-et-analyses/les-deplacements-domicile-travail-dans-larc-jurassien) montre que dans l’Arc jurassien, la moitié des frontaliers résident et travaillent dans le même territoire de coopération et parcourent des distances relativement courtes. Mais, seulement 3 % des frontaliers de l’Arc jurassien se rendent sur leur lieu de travail en transports en commun, et alors que la Ligne des Horlogers existe, seulement un frontalier sur 10 résidant à Morteau utilise ce mode de transport…
Aujourd’hui de nouveaux enjeux se font jour, en combinant des hivers de moins en moins longs et rigoureux (l’hiver 2020-2021 n’est certes pas un bon exemple) ainsi que de nouvelles technologies comme le vélo à assistance électrique, nous devons par exemple reconsidérer la mobilité douce transfrontalière. Il est urgent d’accompagner la mutation qui se dessine pour les plus ambitieux et les plus respectueux de l’environnement : la mise en place de pistes cyclables transfrontalières dont certaines sont en gestation depuis des années (le Chemin des Rencontres entre La Chaux de Fonds et le Val de Morteau) doit être soutenue et accélérée.
Si dans l’archipel jurassien on ne peut prétendre organiser des transports transfrontaliers de grande envergure, il est par contre possible d’articuler des solutions douces et d’intéresser les habitants à des mobilités combinées qui favorisent à la fois le respect de l’environnement et le bien être en dehors de l’autosolisme. Ceci doit s’exprimer à l’échelle de bassins de vie transfrontaliers conçus comme des bassins de mobilité ainsi que le suggère la Loi LOM en France et autour desquels de réelles stratégies peuvent et doivent être mises en place.
Alexandre MOINE
Besançon, le 20 avril 2021
→ Transports et réseaux transfrontaliers dans l’Arc jurassien (PDF)