Notre Forum Transfrontalier existe depuis 15 ans. Une de nos missions est de rappeler que la collaboration transfrontalière doit s’entretenir pour qu’elle porte des fruits. Il semble qu’à notre époque nos deux pays ont tendance à se refermer sur eux-mêmes ce qui nous fait manquer les opportunités de profiter des avantages de notre proximité. Certains en prennent conscience et font un relevé des domaines dans lesquels les développements sont réjouissants. Ils ne sont pas assez nombreux.
Lors de notre dernière séance du comité directeur nous avons parlé d’une étude faite par le CESER Bourgogne -Franche-Comté qui prend la mesure de la Suisse voisine. A notre connaissance, rien n’existe de comparable en Suisse et c’est regrettable, ce genre d’étude permet d’avoir une référence pour mener des actions correctrices. De ce que l’on sait de cette étude du CESER dont le rapport a été présenté, mais pas encore publié, 12 constats essentiels ont été faits :
- Un paysage de la coopération transfrontalière bien morose ;
- Un sentiment de dépendance à la politique et à l’économie suisses ;
- Une vision très formatée de la Suisse ;
- Un engagement très contrasté dans la coopération ;
- La prise en compte de la Suisse voisine et les coopérations ne sont pas déclinées à toutes les échelles ;
- Des attentes des échelons infrarégionaux sans prérogatives spécifiques afin de les accompagner ;
- Une organisation des services régionaux insuffisante pour une réelle prise prendre compte des enjeux de la coopération transfrontalière ;
- Des effets-frontière connus mais sans capacité à les intégrer dans la pratique des services
- Une méconnaissance quasi générale de la coopération instituée, qui semble s’effacer du paysage ;
- Une quasi-absence de connaissance et de prise en compte de la stratégie de coopération transfrontalière portée par la coopération instituée Arcjurassien.org ;
- Une absence de déclinaison de la stratégie de coopération à tous les niveaux, régionaux et infrarégionaux ;
- Des relations pas assez claires entre services (Conseil régional et Etat).
Ce constat d’une certaine immobilité de la zone frontalière française serait certainement du même ordre si on faisait une étude aussi détaillée du côté suisse. Même si le résultat n’est pas brillant, nous nous réjouissons de la lucidité de ce constat et nous nous réjouissons de la publication complète du rapport du CESER qui permettra de nous atteler à des tâches correctives. La première qu’il faudrait entreprendre rapidement est de faire une analyse aussi détaillée en Suisse romande à travers les cantons de Vaud, de Neuchâtel, de Berne et du Jura.
Jacques Jacot
Co-président du Forum Transfrontalier