Le Forum Transfrontalier regrette l’arrêt programmé pour 2025 de l’offre transfrontalière de transport ferré entre Bienne et Meroux-Moval, prévue pour 2025. Cette ligne réouverte en 2018 après avoir été déposée en 2016, à grand frais et notamment grâce à un financement croisé de 110,5 millions d’euros porté entre autres partenaires, par la région BFC (30,9 M€), l’Etat français (30,5 M€), la Confédération helvétique (24,7 M€), la République et Canton du Jura (3,2 M€), ces deux derniers permettant d’ailleurs de boucler en son temps le projet de Ligne à Grande Vitesse entre Mulhouse et Dijon. S’ajoutent les collectivités locales françaises et SNCF Réseau. Depuis sa réouverture, la fréquentation de la ligne a stagné au profit de la mobilité individuelle, souffrant d’un manque de cadencement, d’horaires insuffisamment adaptés et d’une rupture de charge entre Delémont et Belfort, à Méroux-Moval. Le Forum Transfrontalier rappelle que le bassin de vie éponyme que constitue le Nord-Franche-Comté et le Canton de Jura se trouvera de fait dépourvu de moyens afin de ralentir l’émission de CO2 pourtant attendue en ces temps où le changement climatique nous presse de trouver des solutions alternatives à la voiture. Il rappelle également l’intérêt de l’offre alternative « Convergence 2026 » proposée par les acteurs suisses, permettant de relier Delémont à Belfort sans rupture de charge, avec un cadencement à la demi-heure aux heures de pointe. Pour terminer, le Forum Transfrontalier s’inquiète plus globalement d’une absence de montée en puissance des offres transfrontalières ferrées dans l’Arc jurassien, afin de soutenir la mobilité des navetteurs frontaliers toujours plus nombreux (plus de 42 000 en 2023).
Ainsi, si la ligne transfrontalière côté suisse rempli ses objectifs cadencés, la partie française n’a pas trouvé son cadencement et son public. Partant de ces deux réalités, et alors que la hausse du nombre de frontaliers ne se démentira pas à moyen terme, que l’accès à la gare TGV de Meroux-Moval reste une attente forte pour le Canton du Jura et enfin qu’il existe un public en rabattement vers la ville de Belfort depuis la frontière, comment renouer le dialogue ? On peut suggérer :
- Le montage d’un projet Interreg pour afin d’engager une étude qui prenne en compte finement les réalités respectives françaises et suisses (cadencements, projets de développement, etc.) et propose un chemin intermédiaire pour la mise en place d’une offre transfrontalière sans que l’une ou l’autre des deux réalités ne l’emporte, et ce au profit du compromis ;
- Que la Suisse continue à financer en partie le déficit des trains qui permettent depuis et vers la France, d’acheminer les travailleurs frontaliers comme elle l’a longtemps fait, soulageant de fait le système routier suisse ;
- De préparer 2029 où les trains suisses pourraient venir circuler sur le sol français depuis la Suisse jusqu’à Belfort, en profitant de l’ouverture à la concurrence des lignes françaises.
Il faut absolument créer les conditions de la réouverture du débat sur une ligne transfrontalière qui ne mérite pas d’être reléguée au statut de deux culs de sacs non coordonnés…
Alexandre MOINE/Stéphane BERDAT