Éditorial
C’est une rentrée comme des centaines d’autres avant, chacun retournant à ses préoccupations post-estivales, mais avec un goût amer si on considère les alarmantes informations climatiques qui circulent. Alors qu’on inaugure ce jour à Saint-Nazaire en France, un porte-conteneur de 20 600 boîtes, rappelons-nous qu’en 2013, on inaugurait le Jules Verne, plus gros porte-conteneur à l’époque (16 000 boîtes) et en 2015 François Hollande baptisait le plus gros porte-conteneur, le Bougainville (17 220 boîtes). Ces géants symbolisent les rouages de la mondialisation et nous interrogent sur l’économie qu’ils révèlent…
L’Arc jurassien est bien loin des océans même si l’on parle d’archipel lorsqu’on mesure son armature urbaine perchée sur une mer ancienne… et fossilisée. Pour autant, son économie s’inscrit en partie dans cette logique mondialisée autour d’une pierre angulaire qui est le travail frontalier. L’économie productive qui en découle ne profite que partiellement au richesses locales, mais organise profondément l’espace transfrontalier… C’est partant de ce constat que le Forum Transfrontalier s’est penché depuis le début de l’année sur la question de l’économie transfrontalière. Sans remettre en question l’économie productive qui y est bien ancrée, force est de constater qu’elle ne représente que 20% des revenus qui permettent le développement local contre plus de 40% à l’économie résidentielle, ces emplois qui sont destinés aux habitants qui résident dans l’Arc jurassien et à ceux qui s’y arrêtent. La question est donc posée d’un regard plus appuyé porté sur ces multiples entreprises de service, aux entreprises, aux personnes, sur l’agriculture en circuit court, ou encore sur le développement de la culture ou encore du tourisme.
Nos constats montrent que le développement de l’Arc jurassien repose sur l’existence des deux modèles, qu’il s’agit d’articuler. Le modèle productif, dominé par l’horlogerie et ses multiples sous-traitants, lié à une économie mondialisée et le modèle présentiel fondé sur une économie présentielle assez complexe du fait d’habitudes de consommation liées à un pouvoir d’achat supérieur à la moyenne, mais inscrites dans un contexte rural où l’armature urbaine ne permet pas l’émergence de services de haut niveau. L’équation se complexifie lorsqu’on considère que ces deux économies s’interpénètrent en transfrontalier, entrant en concurrence du fait des différentiels de prix.
Nous entrons maintenant dans une phase de discussion que nous souhaitons intense et ouverte à tous et à toutes, avec une première date au Club 44 à La Chaux-de-Fonds le 04 octobre prochain, afin de débattre avec le public d’un modèle de développement territorial plus vertueux et intégrant une dimension transfrontalière qui n’oppose pas les acteurs économiques et soit fondée sur des innovations portées par les populations locales. La multiplication des circuits courts et approches autour du métabolisme territorial où l’on compte sur ses propres ressources pourrait en effet isoler plus que lier dans une perspective binationale telle que nous la vivons dans l’Arc jurassien. Nous vous attendons nombreux.ses, discutons-en ! … Une deuxième date, à Besançon, le 13 novembre à la MSHE Ledoux, réunira des chercheurs, des praticiens, des usagers, afin de réfléchir à la mobilité transfrontalière pour soutenir ce nouveau modèle de développement. Ce Cycle sera clôturé en avril 2019… de manière inventive !
Enfin, nous faisons le point sur les nombreuses initiatives transfrontalières, qui nous révèlent que la coopération autour de la culture est plus vivante que jamais, nous en rendons compte et souhaitons que ce vecteur de développement soit soutenu plus que jamais par les populations locales et par les collectivités.
Alexandre Moine, Président du Forum Transfrontalier Arc jurassien
Besançon, le 06 septembre 2018