L’Arc jurassien franco-suisse se trouve clairement au cœur de nombreux paradoxes. Alors que la croissance des emplois en Suisse ne cesse de progresser, entraînant naturellement un recours aux travailleurs frontaliers, et le ruissellement que l’on connaît, les discours consistant à déplorer cette « concurrence » continuent de fleurir en France, alors qu’en Suisse certains partis persistent à dénoncer la concurrence des travailleurs frontaliers. A l’échelle de l’Arc jurassien, comment valoriser le fait que nos filières industrielles, agricoles et tertiaires sont tellement proches que l’on pourrait dans certains cas parler de « clusters » qui reposent sur des filières de formation performantes, clairement identifiées et situées au cœur même des territoires où se situent les emplois. Plutôt que de déplorer des dynamiques finalement vertueuses, pourquoi ne pas les accompagner de la meilleure façon qui soit en ménageant l’environnement naturel de part et d’autre de la frontière et en s’appuyant sur ce qui fonctionne le mieux ? Deux éléments paraissent majeurs :
- Les mobilités qui n’arrivent pas à se structurer autour de transports en commun performants, alors que le savoir-faire suisse est évident ! Un récent article dans la Presse quotidienne régionale (Est Républicain du 21/01/2024) parle de boîtes à sardines pour qualifier les conditions de transport des frontaliers sur l’axe La Chaux-de-Fonds en Suisse et Valdahon en France. Pourquoi ne pas accepter la circulation de trains suisses cadencés vers la France jusqu’à Morteau ?
- Les filières de formation de haut niveau en France, qui permettent de diplômer des travailleurs très qualifiés qui naturellement soutiennent le développement de l’activité en Suisse. Comment susciter la contribution des entreprises suisses en soutien de la formation française ?
Enfin, comme nous le verrons, une question demeure en suspens, celle de la microtechnique (au pluriel en France – les microtechniques) résolument implantée dans l’Arc jurassien franco-suisse. Elle illustre l’imbrication des filières de formation, des centres de recherche, des entreprises liées de part et d’autre de la frontière par d’intenses interactions, tout simplement des travailleur.euses souvent passionné.es.
Alexandre MOINE