Alexandre Moine
C’est une rentrée placée sous le signe de l’instabilité, du manque de vision claire relative à l’ouverture de certaines frontières. Les yeux sont rivés sur des indicateurs dont la variation déterminera si les relations transfrontalières physiques seront suspendues ou non. Cette incertitude, prise en cas par cas, est source d’inquiétude, de méfiance et cautionne de multiples reports de prises de décisions. Or dans le domaine de la coopération déjà bien fragile, il en faut peu pour que des dossiers importants soient mis sur la touche. Les priorités sont ailleurs, il faut garantir les attendus sanitaires, au développement local de s’adapter[1]…
Or, les divers plans de relance à l’œuvre se concentrent avant tout sur des logiques nationales et régionales, alors même qu’ils tentent d’intégrer au-delà de la réponse à la crise sanitaire, un changement de vision en matière de développement. Ainsi, relocalisation de la production, circuits courts en alimentation, modifications des mobilités, sont autant de thématiques dont la portée transfrontalière n’est pas envisagée, alors que leurs conséquences en zone frontalière seront importantes.
N’est-il pas venu le temps de la concertation locale en aménagement du territoire autour d’une stratégie globale à l’échelle de l’Arc jurassien ? La stratégie actée en 2016 par la CTJ est toujours d’actualité et sera reconduite pour les années à venir, mais elle se doit d’être déclinée dans chaque aire de coopération. Or à cette échelle, les différents documents d’orientation et de programmation ne semblent pas être en mesure de décliner clairement les choix régionaux. Le risque est donc double :
- Établir des plans de relance et des accompagnements ciblés sans concertation réciproque, les inévitables effets-frontière pouvant alors remettre en question des logiques locales de développement pourtant considérées comme vertueuses ;
- Ne pas considérer les logiques transfrontalières dans les aires de coopération, à la hauteur de leur complexité et continuer à adapter des logiques régionales à des logiques locales spécifiques.
Nous attendons que dans chaque aire de coopération, des réflexions soient engagées pour garantir la cohérence des projets de développement frontaliers français et suisses, dans la perspective des axes stratégiques portés par la coopération à l’échelle de l’Arc jurassien. Ces concertations pourraient également permettre la prise en compte des actions engagées en réponse aux conséquences de la crise sanitaire dans l’intérêt de l’ensemble des habitant.e.s de l’Arc jurassien.
Alexandre MOINE, Président du Forum Transfrontalier Arc jurassien
Besançon, le 8 septembre 2020
[1] A ce titre, Nous saluons d’ailleurs l’accompagnement des acteurs fragilisés par la crise sanitaire, portant des coopérations locales, par le biais du fonds de petits projets adapté pour l’occasion.