Éditorial
Après quatre années passées à côtoyer le Forum Transfrontalier de l’Arc Jurassien, c’est en ce début d’année 2019 que je décide de le rejoindre. Sous mes yeux, des débats animés entre Français et Suisses.
Les modes d’expressions propres à chaque nationalité, relevant plus d’un passé culturel différent que d’accents typiques, me sont plus que familiers. Quelle aubaine d’agrandir mes connaissances au milieu de personnes si ouvertes et conscientes de la différence pour en faire une force.
Originaire de Pontarlier, mon installation aux Verrières Suisse début 2012, ressentie par mes proches comme un simple déménagement à moins de 15 km, est pour moi, un véritable cataclysme. Comment peut-il y avoir un aussi grand écart culturel avec une si petite frontière ? De plus, au-delà de cette différence, l’adaptation est très difficile. Le moindre retard, le moindre rire, une remarque jugée déplacée, un manquement au vocabulaire romand, ou même la simple expression d’une opinion sont prétextes à me rappeler que c’est parce que je suis Française, comme un handicap que l’on pardonne ou pas. Dont acte. Entre Français, nous nous soutenons, sachant pertinemment que là n’est pas la solution. Nous concluons hâtivement qu’il n’y a pas de sociabilité possible en Suisse. Une grande remise en question s’impose, comment laisser grandir nos enfants dans cette dureté devenue notre définition de ce pays ?
Puis viennent d’autres rencontres : notamment des personnes politiques ; c’est une chose étonnante pour les Français pour qui l’expérience des politiciens est synonyme “d’élite”. Je rencontre de plus en plus de personnalités suisses heureuses de connaître mon point de vue et surtout heureuses, à leur tour, de partager leur connaissance. J’appelle cela de l’intérêt bienveillant, pour moi désormais caractéristique de la Suisse. Résider en Suisse, m’oblige à une prise de recul inévitable et paradoxalement, me permet de mieux appréhender mon pays d’origine.
Je l’admets, il faut du temps et du courage pour s’en rendre compte… mais à ce moment-là, tout devient plus clair : notre différence fait aussi notre richesse. J’ai pu expérimenter, lors du montage de divers projets, qu’un caractère fonceur – apparemment caractéristique française ! – se mariait merveilleusement bien à la précision suisse. C’est désormais cette synergie qui anime mon environnement et mon travail. Dans les divers articles ci-dessous, vous retrouverez ces personnes et administrations qui ont franchi le pas : celui d’oublier cette frontière physique au profit d’une frontière mentale.
La Bourgogne-Franche-Comté est pleine de créativité, et la Suisse, la meilleure école pour la mise en pratique. Il est indéniable que cette prise de conscience demande du temps et des efforts. Ces deux volontés doivent être mises à profit de manière à élaborer et bâtir des projets constructifs qui profiteront à l’économie locale. C’est une prise de conscience que je souhaite à ma Commune qu’est le Val-de-Travers.
Céline Queste
Gérante de l’espace coworking du KLAB° (Les Verrières)
Membre du comité du Forum Transfrontalier Arc Jurassien
Les Verrières, jeudi 2 mai 2019
Très intéressante votre analyse Céline Queste.
Un peu de persévérance et dans quelques années vous vivrez à l’aise sur les rives gauche et droite du Doubs sans arrières pensées et avec le même bonheur.
J’ai une autre approche du problème et je pense avec conviction que nous ne sommes pas tellement différents.
Je passe passablement de temps sur ce que j’appelle personnellement, la rive gauche, pas pour faire mes achats, mais aussi pour cotoyer sa population, savourer sa culture, visiter des sites merveilleux.
J’ai énormément d’amis et j’en suis fort heureux.
Faite comme moi ne pensez plus Suisse ou France, pensez rive droite ou rive gauche.
Je travaille depuis quelques années à la promotion du “Chemin des Rencontres” projet d’une voie de communication de mobilité douce reliant La Chaux-de-Fonds à Remonot et Pontarlier, voir Lac Saint Point. Mon bonheur serait qu’un jour il se réalise et que les gens apprennent à mieux se connaitre.
Pierre Henri Arnould