Vous parliez de frontière, et je me suis étonnée.
Architecture
En architecture, tout est toujours une histoire de limites, partout, à toutes les échelles, espace et temps mêlés. Spatialement, nous sommes ici, ailleurs, à côté ; ce peut être public ou privé, vide ou plein ; temporellement, il peut s’agir d’époque moderne, classique, baroque, contemporaine ; pratiquement nous parlons de technique, de matière et d’esprit.
La transversalité des domaines et des approches est une sorte de condition préalable.
Les frontières sont omniprésentes, déterminantes, et franchissables. L’architecture en joue. La modernité aime inverser le dedans et le dehors. Nous jouons. Jeux d’espace, jeux de marelle, jeux de langage, Dada.
Paradoxe
Toute de limites, l’architecture n’est pourtant pas de frontières.
Elle est cheminement, déambulation, tâtonnement, combinaison, rupture, séquence, dialogue, transgression ; elle est langage, codifiée ou dé-codifiée, mais toujours en mouvement, ouverte à la suite. Elle est pont, passage, elle tricote … dans la cité, on parle de tissu.
La diversité des lieux, des savoirs faire, des paysages, la pluralité des cultures sont autant de nuances, … la nuance nous apporte cette légèreté sublime née de la différence. Le désaccord peut être un motif. La querelle peut être féconde, ornementale ou pas… Il y a dans ce foisonnement un certain amusement. Et cet amusement compte.
En ce sens, les frontières n’existent pas.
L'”espace” reste le sujet.
Les bergeronnettes ne sont ni suisses ni françaises, … elles sont bergeronnettes, et l’espace est espace, ouvert, absolument.
Ce même espace qui est aussi celui du débat, des échanges.
Lorsqu’en politique tout semble affaire de territoires, d’économie, de concurrence, de voisinages, de frontières, pourquoi ne parlerions-nous pas d’Urbanité ? Pourquoi le doute, la culture, la beauté, l’élégance, le détail, le rire, ne seraient-ils pas déterminants ?
Ce n’est pas sérieux, n’est-ce pas ?
Schéma directeur du retour, plan stratégique de l’Un, discours du petit peu, allons … – un mètre au-dessus du sol…
La prochaine fois, je serai oiseau.
Valérie CHARTIER, architecte
Besançon, le 15 mars 2020