La grande cloche déposée devant l’église de La Sagne
Récemment, lors d’un de mes nombreux passages à ski de fond dans la vallée de la Sagne qui est un peu mon paradis hivernal, j’ai laissé tomber mes lattes pour un moment de visite de cette belle église avec son splendide chœur du gothique tardif.
Mais c’est plus encore la belle cloche gothique de 1512, fendue et déposée à l’extérieur de l’église, à côté du porche d’entrée, qui a attiré mon attention. Elle m’a fait penser à ce partenariat centenaire des fondeurs de cloches comtois avec notre région pour le plus grand profit de nos églises de Suisse romande. Mais, renseignement pris auprès de mon vieil ami Laurent Huguenin, conservateur du Musée de la Sagne, l’on ne sait pas, malheureusement, qui était le fondeur de cette belle cloche. Pourtant, on les retrouve, nos fondeurs comtois, dans l’église à une encâblure de là, dans celle des Ponts-de-Martel, pour laquelle le fondeur Claude-Joseph Cupillard de Morteau avait fondu la deuxième cloche en 1771, alors que la troisième était le fait de François Humbert, de Morteau également. On peut voir et entendre ces cloches dans le site internet « https://clochescomtoises.com/ponts-de-martel/».
Le canton de Neuchâtel à lui seul compte nombre de cloches comtoises, au Cerneux-Péquignot, à La Brévine, La Chaux-de-Fonds, La Chaux-du-Milieu et au Locle comme nous l’apprend l’amateur de cloches Mehdi dans le site mentionné. Il en va de même pour le canton de Vaud. Quant au très catholique canton de Fribourg, les fondeurs de cloches comtois étaient nombreux, à commencer par Robert de Besançon qui a réalisé les deux grosses cloches de la Cathédrale de Fribourg en 1505, à la sonnerie magique ! Il était suivi par les Damey et les Garnache de Montlebon, les Bournez, les Cupillard et les Arnaux de Morteau et de bien d’autres encore qui sont intervenus dans un grand nombre d’églises du canton et qui sont tous mentionnés dans le numéro spécial de Pro Fribourg, un répertoire exhaustif consacré à cette thématique sous le titre « Le patrimoine campanaire fribourgeois » (trimestriel 2012-1).
Tout cela pour rappeler ici, à quel point la Franche Comté et la Suisse romande étaient liées par cette grande industrie d’art, lien oublié aujourd’hui, alors que ces cloches continuent à sonner à travers nos pays.
Walter Tschopp, Saint-Blaise, le 11 février 2021