L’horlogerie est importante pour l’arc jurassien de Genève à Schaffhouse et la Franche-Comté en fait partie, même si c’est essentiellement pour des activités de sous-traitance. L’horlogerie c’est de la mécanique de précision qui a fait des progrès énormes ces 20 dernières années. Les montres mécaniques d’aujourd’hui ont pratiquement la précision de marche des premières montres à quartz. La fiabilité a tellement augmenté que la période de garantie est passée de 1 année à 2 et même 5 ans sans que les entreprises n’en souffrent. Il faut cependant prendre conscience que depuis 50 ans le monde horloger a permis le développement de la microtechnique (appelée les microtechniques à Besançon) dont les produits sont faits de fine mécanique, mais aussi d’électronique et de logiciel embarqué quand ce n’est pas d’intelligence artificielle. Pour redonner confiance à notre population sur nos savoir-faire, nous devrions probablement mieux illustrer les derniers développements de microtechniques que le public ne connaît pas et qui sont pourtant exportés dans le monde entier. Les exemples sont nombreux : des micro-pompes implantées dans le corps pour diffuser un antalgique en goutte à goutte qui apprennent la fréquence et les besoins que le patient demande, des micromanipulateurs qui déplacent des fibres optiques pour capter la lumière d’étoiles lointaines sur un télescope, les micro-capteurs de température intégrés aux batteries des voitures électriques pour permettre d’optimiser la vitesse de leur recharge, les instruments de microchirurgie de l’œil, des capteurs de pression pour les smartphones qui sont développés dans nos régions et intégrés dans des appareils vendus dans le monde entier. Toutes ces activités microtechniques ne sont pas révélées au grand public, elles font la valeur de produits de toutes sortes et passent inaperçues du grand public. Elles représentent pourtant aussi le futur de la microtechnique et représentent pour la Suisse un chiffre d’affaires du même ordre que l’horlogerie.
Mais, la microtechnique ne drainera jamais toute l’attention des médias comme peut le faire la mise en place de dizaines de milliers de satellites qui ne sont là que pour faire marcher les réseaux sociaux et la publicité. Nous n’aurons probablement pas dans notre région transfrontalière l’homme le plus riche du monde. Les coups d’éclats, les étoiles qui brillent, les rêves qui font gagner des millions ne sont pas dans nos traditions locales. Nous devons cultiver nos propres valeurs et faire tourner notre économie. Il me semble plus efficace de mettre en évidence nos compétences locales pour donner confiance à notre population sur ses compétences et son savoir-faire que d’essayer de le dire à travers le monde. L’horlogerie suisse ne produit que 2% des montres dans le monde, mais c’est elle qui en est le leader incontesté parce que tous les leaders de la branche horlogère opèrent de la Suisse et que ses ventes représentent en monnaie le 60 % du chiffre mondial. Cette production est pour nous un marché de niche qui ne fait que 25 milliards de francs par an, mais il correspond bien aux besoins de notre société. Que l’on soit producteur d’aiguilles de composants mécaniques ou d’équipements électroniques pour assurer la qualité de la production importe peu, il faut apporter une vraie valeur à l’industrie locale et se réjouir de nos succès qui demeurent largement partagés dans l’Arc jurassien franco-suisse.
Jacques JACOT
Co-président du Forum Transfrontalier