Le forum transfrontalier – visio 1 / version nouvelle ère
… je suis arrivée en retard au forum transfrontalier du 13 novembre 2020… je n’avais pas lu le dernier message fixant le changement de lien d’accès ; je me suis donc rendue à celui initialement convenu. En ouvrant la porte, seul Jean-Jacques D semblait présent, tâtonnant dans le noir… Une voix l’accompagnait qui semblait le guider dans son vide sidéral, tandis qu’un rire de nulle part persistait sous l’apparence de la voix d’Alex M.
Moebius avait déjà dessiné cette scène dans son “désert B“.
Je quittai la plateforme pour rejoindre cette fois-ci la bonne adresse.
La belle équipe était là. La séance était configurée comme la plupart des autres, sous forme de cases. Lorsqu’un bruissement ou un claquement de doigt est émis, hop !, vous êtes propulsés dans l’univers des échanges. Nous aurions pu d’ailleurs commencer ainsi, par un petit concert de bruits et tintements, histoire de nous rappeler le monde d’avant, mais je suis optimiste pour la prochaine fois…
En ce qui concerne l’image, les réglages de vues diffèrent d’une vignette à l’autre. Ceux en position dominante nous révèlent de petites planètes rondes surmontées de cheveux lorsqu’il en reste. Il s’agit des têtes. Les vues de dessous abordent les visages par les mentons et leur double, des univers en soi. Les moins bien lotis s’offrent une présence par le biais d’une lettre, minuscule ou majuscule, comme E pour Evelyne B, centrée dans un petit cercle. La couleur varie mais n’est pas choisie.
Le groupe de discussion se fait archipel…. et voilà nous y sommes… au cœur de l’espace numérique. Première réunion en visio du “forum T ” !
……j’entre dans la discussion au moment où Pascale B explique l’intention de la forme que pourrait prendre la mosaïque du cycle 10, ou inversement…, inspirée des interactions aléatoires du cyberespace tandis que Marcel S note tout l’intérêt du lien par le vide et nous interroge dans le même temps sur le sens que nous prêtons à ces nouveaux modes de rencontres distanciées/distancielles.
Concentrée, je me demande à cet instant s’il faudra faire preuve d’une analyse “visio-vision-visionnaire”… —— mais Jacques-André T s’y colle déjà, Bernard W s’investit dans un autre imaginaire, Stéphane B semble encore tenu à la réalité, Pascale B acquiesce, Françoise B doute, Walter T et Marcel S commémorent leur projet artistique et Jacques J scrute les échanges et Jean-Jacques D s’est définitivement perdu dans l’espace numérique —– ou rester dans une approche sensible de l’écran, comme nouvelle frontière du réel ? Je poursuis sur cette voie. Je ne dois pas perdre le fil … les échanges fusent telles des météorites.
Je fixe l’écran. Des lignes infranchissables structurent le quadrillage qui nous réunit ; inutile de penser à se toucher. L’écran ne permet pas non plus le passage des odeurs ni du goût – le thé ni le café ne s’offrent plus en partage. Le virus ne passera pas. Nous sommes sauvés, mais de quoi, j’ai oublié.
Au moins, nous parlons démasqués. Allons sans peur, le moment est à l’expérimentation…. Osons !
Nous parlons désormais frontières et territoires sans forêt ni rivière ni relief qui ne seront plus désormais que des idées. Nous n’arpenterons plus la terre ; il est en effet interdit de sortir ; les sentiers se sont effacés ; les montagnes n’existent plus qu’en mémoire dépliées comme des cartes – hors de l’espace-temps, plus de montres non plus…. – silence ému mais temporaire. Nous restons vaillants.
Nous conceptualiserons à l’envie des questions engagées et engageantes. Photoshopeurs du réel, nous saurons inventer des frontières inversables, la tête en bas, façon Baselitz : l’idée d’une frontière en l’air évaporée aux confins du ciel nous séduit ! Enfin nous serons libérés de la pesanteur. Enfin nos corps célestes seront placés en orbite…. nous serons insensés et toucherons au Graal de la résolution d’un univers virtuel sans conscience ni barrière.
Françoise B s’inquiète de l’objectif et propose une intervention sur la santé, Jacques J souhaite s’assurer que nous pourrons toujours rire….
et Huguette T passe en fond d’écran faisant un coucou de la main, ciao ciao, …
je vous embrasse / val C pour une contribution pas sérieuse – encore une, décidément…
Valérie Chartier, Besançon, le 15 novembre 2020