Marcel Schiess
Le 1er BORDERS FORUM devait se tenir à la Cité Universitaire de Paris les 9 et 10 novembre 2020, avec la participation de nombreux représentants des territoires frontaliers en Europe.
Pour cause de pandémie, les débats ont eu lieu en ligne, à la satisfaction des organisateurs[1].
Les territoires frontaliers représentent 40 % du territoire de l’Union européenne et 37 % de sa population, avec une circulation de 2 millions de navetteurs. En ouverture du Forum, le Président de la MOT, Christian Dupessey, a annoncé officiellement le lancement de L’Alliance européenne pour les citoyens transfrontaliers. L’Alliance fait appel aux instances européennes pour mieux prendre en compte les intérêts et les spécificités de ces régions, souvent mal reconnues, comme l’a rappelé Madame Annie Genevard, députée du Doubs et vice-présidente de l’Assemblée nationale, ancien Maire de Morteau.
La MOT mène un travail constant de lobbying auprès de la Commission Européenne pour défendre la cause des territoires frontaliers. Son Président, Christian Dupessey, a proclamé son ambition de « mettre les territoires transfrontaliers au cœur du Plan de relance de l’UE et du projet de l’Union Européenne ». En n’oubliant pas de mettre le citoyen au centre de la démarche.
L’enjeu majeur, c’est la mobilité, physique mais aussi intellectuelle, avec les nouveaux paradigmes des relations humaines qui vont modifier durablement nos habitudes. L’enjeu climatique est prépondérant, avec notamment le développement exponentiel des grandes agglomérations.
Nous vivons le siècle des Villes, comme l’a très bien présenté le Professeur Carlos Moreno[2], alors que le 20e siècle était celui des États-Nations et le 19e celui des Empires. Cette concentration des richesses et des activités n’est pas sans poser de nombreuses questions pour les régions comme l’Arc jurassien, un archipel disparate arrimé entre les deux grands pôles que sont Genève et Bâle, reliés aux grands bassins économiques de l’Europe.
Mme Annie Genevard a rappelé les spécificités de l’Arc jurassien transfrontalier, à partir de la région qu’elle connaît bien en tant qu’élue : le Haut-Doubs, avec ses caractéristiques : des communes de petite taille ; pas plus de 20 000 habitants côté France ; la montagne qui fait frontière, obstacle. Rappelant qu’un massif qui n’est pas traversé est tout simplement contourné ! La Suisse – pays hors de l’UE – est le 1er employeur de la région, créant ainsi une forte interdépendance et des tensions manifestes.
Les Parcs Naturels Régionaux du Doubs Suisse et France pourraient coopérer. Le Tourisme pourrait être un point de convergence et de bénéfice mutuel. Il faut cultiver notre destin commun. Mme Genevard se fait critique : « Le noyau dur, c’est la MOBILITE et l’ECONOMIE, le reste est folklorique ! Il faut sortir du constat, il y a une vraie difficulté à aller vers le projet. Avec la Suisse, c’est extrêmement difficile ». « Les entreprises sont ici, les habitants sont là, et on met tout le monde sur la route ! » Le ton est courtois mais le constat est sévère. Il devrait être entendu.
Pour conclure ce bref résumé des propos retenus lors du Borders Forum, citons M. Nathan Sourrisseau, représentant du Grand Besançon, qui a évoqué la candidature conjointe de la Suisse et de la France pour la reconnaissance des Savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art au Patrimoine mondial de l’UNESCO. La culture commune à cette région trouverait là une reconnaissance de qualité et pourrait constituer un atout économique et touristique significatif, une manière aussi de célébrer notre destin commun.
Marcel SCHIESS
Vice-Président du Forum Transfrontalier Arc jurassien
La Chaux-de-Fonds, le 19 novembre 2020
[1]La MOT, Mission Opérationnelle Transfrontalière, le Comité européen des Régions, la Communauté Européenne. Voir les communiqués sur le site http://www.espaces-transfrontaliers.org/
[2]Site de Carlos Moreno : http://www.moreno-web.net/