Photoforum Pasquart Bienne . 19.9. – 22.11.2020
Le Photoforum Pasquart propose une remarquable exposition du photographe zurichois Roger Eberhard sur les anciennes frontières. Ses grands tirages à l’esthétique saisissante nous interrogent intérieurement. Au-delà des apparences se révèlent des drames et les absurdités des lignes de démarcation.
Aux images en apparence parfaitement sereines, dépourvues de présence humaine, répondent des textes relatant les épisodes historiques majeurs et mineurs qui y sont lié, souvent tragiques, quelquefois anodins, mais aussi parfois étonnamment pacifiques. Ces lieux révèlent ainsi en creux l’incessant besoin de démarcation entre soi et les autres des sociétés humaines successives. Ces frontières se sont toutes déplacées au fil du temps, dans certains cas de mètres seulement, considérablement dans d’autres. Les raisons en sont multiples. Conquêtes, traités de paix, mais aussi échanges pacifiques ou même commerciaux ont constamment redéfini et redessiné les cartes. Les changements climatiques comme les modifications apportées par l’homme au paysage ont entrainé de nouveaux tracés des territoires. Certaines frontières ont aussi disparu avec l’effondrement de puissants empires, voire de civilisations entières, au cours des millénaires. Le corpus d’une cinquantaine de photographies de Roger Eberhard, complétées par leurs légendes détaillées, nous aide ainsi à saisir le puzzle protéiforme de la cartographie du monde. Elles nous permettent d’appréhender l’instabilité inhérente à ces démarcations créées par l’homme, tout comme l’importance géographique, politique et symbolique de ces délimitations territoriales. Vidées de toute figure humaine, elles invitent à la contemplation et à la réflexion sur les manières dont le territoire reflète un « nous » et un « autres ».
Statement de l’artiste
« Les frontières sont un moyen de séparation. Elles séparent deux côtés, définissent un ici et un là-bas. Mais elles délimitent aussi ce qui se trouve à l’intérieur des limites territoriales, instillant un sentiment de sûreté et de sécurité. Bien qu’elles revendiquent implicitement une permanence, rien n’est en fait aussi changeant que les lignes de démarcation des frontières […] il s’agit de constructions artificielles, constamment altérées et disparaissant même parfois complètement. »
Événements & publication
Deux rencontres avec l’artiste et un intervenant accompagnent l’exposition : l’une avec Tobia Bezzola, historien de l’art et directeur du MASILugano, et l’autre avec Simon J. A. Mason, chercheur et médiateur spécialisé dans les problématiques liées aux frontières, du Center for Security Studies (CSS) de l’ETH de Zurich. Human Territoriality fait l’objet d’un ouvrage monographique, publié en mars 2020 par Patrick Frey (hardcover, 116 pages, 51 planches en couleurs). Il comprend un essai de Henk van Houtum, professeur de géographie politique et de géopolitique à Radboud University Nijmegen (Pays-Bas).
Biographie de l’artiste
Roger Eberhard (*1984) est un artiste et photographe suisse basé à Zurich. Il a étudié au Brooks Institute of Photography de Santa Barbara, aux États-Unis, avant d’obtenir son master à la Zürcher Hochschule der Künste de Zurich. Son travail est régulièrement exposé internationalement depuis 2006, principalement aux États-Unis, en Europe et en Suisse. Il a fait l’objet d’une couverture médiatique internationale importante (British Journal of Photograpy, The Guardian, CNN, The Washington Post, NZZ, Monopol, etc.). Roger Eberhard a participé à des expositions photographiques internationales majeures, dont actuellement Civilization : The Way We Live Now, présentée dans des institutions importantes de France, Corée, Australie, Chine et Nouvelle-Zélande. Son travail a fait l’objet de nombreuses publications chez des éditeurs reconnus, et Human Territoriality est son neuvième ouvrage monographique.
Son travail photographique, d’une grande rigueur conceptuelle et formelle, s’attache à documenter des épisodes révélateurs de la société contemporaine, sur lesquels il pose un regard attentif et presque anthropologique. Ses corpus photographiques se penchent souvent sur des faits de l’histoire marginaux ou peu connus, mais fondamentalement significatifs des valeurs et des manières de vivre contemporaines.
+ Voir le dossier de presse complet avec les événements liés à l’exposition de photographies (pdf)